C’était une époque où, comme aujourd’hui, on faisait un disque avec rien. Enfin, rien… En l’absence de smartphone, on faisait avec des 4 pistes cassette, voire des 8 pistes à bande, comme cette fois où pour les besoins de la cause du premier Diabologum, nous avions transporté ma plantureuse console, un meuble, jusque sous les combles de l’appartement où vivait Vincent Chauvier, boss de Lithium: tout ça pour enregistrer deux titres – tous les autres l’avaient été par le groupe dans leurs chambres d’étudiants. J’avais été intronisé ingénieur du son (sic). Les Diabolo m’avaient notamment fait chanter sur un titre, »Le discours de la méthode » où, dans le rôle du séducteur (re sic), j’expliquais comment « tenir le bec dans l’eau » aux jeunes filles ; ce qui prouve à quel point, sous nos dehors indie pop, nous étions d’épouvantables machos. Nous avons bien ri. Et ce premier album, qui ne préfigurait que de loin la torgnole de « 3 », était frais, emprunt d’un foutraquisme du meilleur aloi. La scène française, jusqu’alors engoncée dans ses vieux costards wock’n woll, se déridait : on respirait.
Dominique A